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06/01/2008
Sex-shops, une histoire française

J'ai lu très lentement dans mon lit et dans le métro "Sex shop, une histoire française" par Baptiste Coulmont, jeune sociologue, "expert" télévisuel réputé, et blogueur connu.

Pour la lecture de métro, j'ai dû couvrir le livre avec du papier blanc. La couverture rose est trop aguichante, mes voisins ne se seraient pas imaginés qu'en fait je lisais une étude sociologique. Ce fût aussi un périlleux exercice de cacher avec mon marque page, les photos informatives décrivant les biens et services vendus dans ces établissements. C'est d'ailleurs impossible sur la ligne 14 le matin quand elle est bondée : il y a trop de paires d'yeux à contrôler. Heureusement, la concentration de ma lecture m'a évité de remarquer les regards désapprobateurs ou curieux.

Le but de l'étude des sex - shops n'est pas du tout d'obtenir un moyen de dépenser l'argent public de la recherche dans des visites de sex - shop ou l'achat de livres et vidéos sur place afin de mieux de se pénétrer de son sujet. Seul l'ascétisme scientifique guide nos pas : "ce livre est la première étude sociologique publié en France sur le sujet" [1]. Et surtout, le point de départ de cette étude est à mon avis, le plaisir de pouvoir contredire une théorie sociologique précédemment admise comme correcte : l'interprétation de la sociologie des "cadres" faite par Luc Boltanski [2]. En effet, les sex - shops fournissent un enthousiasmant contre-exemple de cette théorie : la catégorisation des sex - shops ne s'est pas créée sous l'action des vendeurs et propriétaires de ses établissements, mais sous l'action des personnes qui s'opposaient à l'existence de ces magasins. Ce livre démontre donc que [cette] catégorie est probablement définie de manière hétéronome", c'est-à-dire à partir d'actions extérieures au groupe.

Pour démontrer cela, la première partie du livre est consacré à l'histoire des sex - shops et la façon dont cette catégorie de magasin s'est formée.

Ensuite, un historique des formes d'opposition aux sex - shops est décrit. En toile de fond, les explications sur la construction d'un nouvel ordre moral post-68-ard sont fascinantes : cet ordre est basé sur le non-dit. Car "dire" est depuis 68 considéré comme répressif et donc non-souhaitable. L'inconvénient est qu'il est à mon avis beaucoup moins facile de combattre un ordre non-dit, si on le trouve injuste. Le sociologue se doit d'ailleurs de rester neutre. Baptiste Coulmont le reste, mais on ressent quand même un agacement presque revendicatif, dans sa façon de mettre des notes de bas de pages prouvant ses dires avec les noms des hommes politiques concernés [4].

La troisième partie, plus intéressante, aborde les résultats de l'étude sur le terrain par les étudiants de l'auteur. Pour tout savoir sur les sex - shop, mais aussi apprendre d'eux. En effet, grâce à la façon dont les vendeurs classent les DVD pornographiques et les accessoires, on déduit la "valorisation hiérarchique des actes sexuel" [5]. On pourra aussi apprendre les relations vendeurs/clients et enfin qui sont ces clients.

La dernière partie, parle de l'avenir des sex - shop et de leur mutation en cours. Dommage que l'effet de l'Internet sur ces magasins n'ait pas été un peu plus développé. Il y a quelques passages sur les spécificités des sex - shop gays [6] et le rapport des lesbiennes avec le godemiché [7]. On trouve aussi un surprenant parallèle : "Les relations conjugales avec objet entrent alors dans une zone contestée, ni entièrement reléguées dans le pathologique, ni entièrement acceptées : elles manifestent le caractère historique, politique, des classements sexuels, à la manière du couple stable homosexuel encore perçu, il y a quelques années, comme une forme monstrueuse de la vie sexuelle, et considéré aujourd'hui comme la bonne forme de vie homosexuelle" [8]. Ce qui est monstrueusement vrai.

Sur la forme, comme tous les livres avec un sujet universitaire, les phrases sont parfois un peu alambiquées et il faut les relire plusieurs fois pour en déterminer le sens correct. Mais je n'ai pas de leçon à donner sur ce thème, puisque je suis moi-même sujet à ce genre d'écueil. De plus, l'on dirait parfois que la tournure de certaines phrases me semble grammaticalement peu orthodoxe (et répétitive).

Bref, c'est un livre intéressant où l'on apprend des choses même si le sujet prête à rire.

[1] : p251
[2] : p13
[3] : p14
[4] : p131
[5] : p147
[6] : p242
[7] : p232
[8] : p231