Ghalys

Le coming-out de bureau

Le coming-out de bureau est un exercice plus facile que le coming-out de chantier. Il n’en demeure pas moins aussi frustrant. J’ai su, il y a peu, que ma mission à la SNCF se terminait à la fin de l'année. Comme je suis toujours à l’affût de nouvelles expériences, j’ai profité de l’occasion pour tester par moi-même le coming-out de bureau.

Comme je ne voulais pas le faire brutalement, j’ai pris le Gare m’a offert pour la marche des fiertés, sur lequel j’ai ajouté une chemise de bureau assez transparente pour qu’on puisse lire le mot GARE du T-shirt. La création de l’association des cheminots gays et lesbiens ayant fait assez de bruit à la SNCF, chaque cheminot sait ce qu’est l’association Gare.

Le matin même j’ai fait le tour des bureaux pour dire bonjour, d’un air innocent. Certaines personnes étant plus observatrices que d’autres, j’ai laissé la rumeur se propager. Les personnes les moins observatrices sont donc revenues dans mon bureau. J’ai cru remarquer qu’elles fixaient sans trop y croire, l’inscription floue sur mon torse.

Ce que je peux dire maintenant, c’est que le coming-out de bureau agit comme un abaisseur de réputation. Dans les jeux de rôles sur ordinateur, quand on fait certaines actions, on perd des points de réputation : "Vous vous alliez à une elfe noire, vous perdez deux points de réputation". Dans le cas présent c’est pareil : "Vous ne laissez plus planez aucun doute à propos de votre sexualité, vous perdez deux points de réputation".

Du jour au lendemain, mes collègues préférés ne m’adressaient plus la parole sauf quand c’était nécessaire. Les collègues qui n’avaient avec moi qu’une cordialité professionnelle l’ont gardé. Quelques uns, cependant, avaient un plus grand sourire. Mon N+3 (le chef du chef de mon chef) bien que cordial, est maintenant terrorisé quand je lui adresse la parole. Je trouve ça plutôt amusant et je profite de cette situation.

Depuis, j’ai réussi à regagner mes points de réputation par certaines de mes actions (celle-ci entre autre), et tout se passe comme avant.

12h02 permalien

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