Ghalys

Les nuits fauves de son ex

11/08/2004: Modification des imprécisions de l'histoire.

Je n’ai jamais connu personne qui soit mort du SIDA. L’ex de poussinet était séropositif. Il avait attrapé la maladie au tout début de l ‘épidémie vers 1980 dans les années 80. Sa survie au virus aussi longtemps tient du miracle, ou plutôt de la fatalité. Il était atteint de la maladie de Steiner une maladie génétique musculaire dégénérative. D’après les médecins réputés pour qui il était devenu un cobaye prometteur, sa déficience génétique ralentissait la progression du virus et le maintenait en vie. Il vivait quand même sous la menace permanente de deux maladies mortelles.

Son combat pour sa vie/survie l’a amené à quitter mon poussinet par la technique cruelle du « je quitte l’appartement pendant que tu travailles et je te laisse une lettre de rupture sur la table ». Il était reparti vivre chez sa mère en province en laissant mon poussinet détruit.

Peu après m’avoir rencontré, le poussinet a repris contact avec lui et sa mère. Ils s’envoyaient des cartes pour Noël et le nouvel an. Puis un jour, sa mère nous a appelés, il était à l’hôpital, il avait eu un accident. Les responsables de la boîte de nuit ont déclaré, qu’il était « tombé de sa chaise ». Mais en fait, il est plus probable qu’il s’était retrouvé pris dans une bagarre. Il a reçu un coup à la tête en tombant. Cela aurait été sans gravité s’il n’avait pas eu sa maladie musculaire, ses muscles auraient atténué le choc. Son traumatisme crânien a donc dégénéré en hémorragie interne. Il a été sauvé de justesse par une trépanation.

Mais comme toujours après ce genre d’accident, il avait perdu la parole et quelqu’une de ses fonctions motrices. Cette perte n’est pas grave irréversible puisque au bout de quelque mois en général, la parole et le mouvement reviennent la plupart du temps spontanément. Les médecins du petit hôpital de province où il s’est retrouvé avaient peut être oublié de le lui dire. Il ne supportait pas sa diminution physique, des pulsions suicidaires l’ont pris. Il refusait les soins et de s'alimenter, alors les infirmières l’ont attaché. C’est toujours plus facile d’attacher les gens quand ils sont muets et infirmes.

C’est à ce moment que j’ai fortement suggéré à poussinet de proposer à sa mère de le transférer à Paris (chez les médecins réputés qui aiment les cobayes prometteurs). Mais sa mère ne voulait pas le perdre à nouveau. D'ailleurs lui-même ne voulait pas retourner à Paris.

Puis peu à peu ses facultés motrices et langagières sont revenues revenaient tout doucement. Mais ces pauvres docteurs/infirmières de la province reculée n’avaient pas beaucoup d’expérience sur les traitements anti-VIH. Ils/elles ont fait des erreurs dans leurs soins: c'est ce qu'il a dit à mon copain la dernière fois qu'il l'a vu. Alors le SIDA a pris le dessus. Ses pulsions suicidaires l’ont repris, il a été de nouveau attaché. En raison du secret médical, on a jamais su si le SIDA s'était déclaré en lui à cause de ces erreurs de traitement.

Attacher quelqu’un qui est atteint d’une maladie qui atrophie ses muscles est à mon avis criminel. De plus, je croyais que seules les dictatures ou les religions intégristes refusent aux gens le droit de mourir. En fait, l’éthique des médecins aussi. Son agonie a alors duré de long mois. Il est mort par étouffement à la suite d’un affaissement de sa cage thoracique. La maladie de Steiner l’aura finalement eu en premier. C’était, il y a deux ans.

Sa mère a refusé que poussinet aille à son enterrement.

Je n’aime pas la réalité non plus, elle est trop cruelle.

15h20 permalien

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