Ghalys

Les restos du cœur sont débordés.

Il n’y a pas de raison ! Je souhaite moi aussi participer à la sinistrose du mois de janvier.

Comme je le disais il y a peu de temps. J’habite, le 5ième arrondissement de Paris. Pas du coté du Boulevard Saint-Germain, mais du coté de la gare d’Austerlitz. Bref je suis dans le quartier des clochards, là où ils vont prendre leur repas à la péniche des restos du cœur toute proche, ou à la soupe populaire près de la gare.

Cela fait quatre ans que j’habite ici. Je passe quasiment tous les jours aux même endroits, pour faire les courses, pour aller prendre le métro le matin pour travailler, le soir pour voir les copines dans le marais. Je croise donc à peu près tous les jours les mêmes clochards toujours au même endroits, près du centre d’hébergement pour SDF, ou près du feu qui fait l’intersection de deux boulevards. Depuis que je suis à Paris ce feu a toujours été « exploité » par une bande de quatre ou cinq clochards des pays de l’Est. Je les ai donc vus évoluer sur toute cette période. Au début ils parlaient mal le Français, puis peu à peu, ils ont fini par le maîtriser.

Un jour, j’ai croisé l’un d’eux (qu’on appellera D) en train de draguer un fille (des pays de l’Est elle aussi) en tenue de racolage passif malgré son age avancé. Il lui disait « pour toi, je serais capable de tout, même de tuer s’il le fallait ». En plus, la belle quoique blasée ne semblait pas insensible à son discours.

D a disparu quelque temps du filon du feu. Puis, je l’ai recroisé avec ses anciens collègues, il était bien rasé et pas trop mal habillé et visiblement essayait de les convaincre des bienfaits de l’autre façon de gagner de l’argent quand on est sans papier. Il avait d’ailleurs étendu ses activités car il se promenait maintenant avec deux filles (la même, plus une autre plus jeune). Cela n’a pas du les convaincre car ils sont restés plusieurs mois à mendier sur leur feu.

Puis au mois de décembre dernier ils ont disparus, ainsi que tous les autres clochards du boulevard. Comme si la pauvreté avait été enfin vaincue pour le mois. Il n’y avait plus de pauvres visibles. Je ne sais toujours pas à quoi cela est dû (loi Sarkozy sur le regroupement des mendiants ou le maire de Paris qui fait le ménage pour les fêtes ?).

Puis début janvier, ils sont revenus, mais ce n’était pas les mêmes, c’était des nouveaux. Les nouveaux sont faciles à repérer, ils sont plus désespérés et moins cyniques que les autres. Dernièrement, dans le bus avec poussinet, j’en ai croisé trois deux anciens et un nouveau. Le premier vous l’avez déjà sûrement croisé, il doit visiblement être relâché de Sainte-Anne quand le médecin n’ont plus de place pour l’héberger. C’est celui qui sort toujours la même rengaine sans mendier ensuite « Tout petit, les socialo-communistes me gazaient dans mon école, etc… et les socialos-communistes sont la cause de tous mes maux etc… ». Cette fois il n’a pas pu finir son discours, le nouveau l’a rembarré en lui disant « Raffarin, il m’a piqué mes allocations chômage, et c’est pour ça que je suis ici ». Il parlait bien sur de la loi Fillon sur les allocations chômage. Ensuite le nouveau c’est engueulé avec l’ancien qui restait pour un prétexte quelconque.

Les anciens clochards sont finalement toujours là, ils sont juste moins visibles, ils ont changé leurs habitudes. A cause de l’application de la loi Sarkozy sur la mendicité agressive, je suppose.

Quant aux autres… J’ai revu récemment un des clochards du feu, il était bien rasé et bien habillé. Sans doute s’est-il laisser finalement convaincre des bienfaits de l’autre façon de gagner de l’argent quand on est sans papier.

19h02 permalien

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